L’hiver n’est pas blanc. Il est tout en nuances. Lorsque le thermomètre flirte avec les -20 degrés, et que le fond de l’air est humide, Bertrand Bodin part retrouver ses jardins d’hiver. Retour en images et en haïkus* sur ses expéditions minuscules et polaires.
TEXTE LAETITIA CUVELIER - PHOTOS BERTRAND BODIN.
A l’heure où d’autres rallument le poêle, Bertrand Bodin, remonte les hautes vallées les plus austères, enfile cuirasses et crampons, et traque au fil de l’eau et de ses états provisoires, les lumières, les reflets, les transparences... et reconstitue la palette subtile de l’hiver. « Rentrer dans les détails de ces paysages givrés, c’est risquer d’en désorganiser la beauté et la féerie. Rien qu’en respirant, je peux démolir la pyramide de cristaux que j’avais tenté d’approcher. » Religieusement, cet amoureux des montagnes, des grands froids et des contrastes déambule avec prudence dans ces mondes oniriques et miniatures qui l’appellent. « Ce n’est pas la neige au soleil qui m’intéresse, mais la neige secrète. A l’ombre, la neige n’est jamais blanche, elle est bleue, dorée ou rosée... elle se teinte des reflets d’une couverture nuageuse changeante ou des timides lumières du soleil d’hiver » raconte le photographe. De ces clichés givrés, sont nés une exposition sous igloo et un très beau petit livre où ses « petite bouts de paysages » se découvrent dans les plis d’un accordéon de papier.